Digne-les-Bains: neuf anciens salariés du golf toujours dans l'impasse (2024)

Le 05/06/2024 à 17:00

Neuf anciens salariés du golf de Digne-les-Bains sont dans l'impasse après leur refus de poursuivre sous la nouvelle direction.

Les mésaventures au sein du golf de Digne-les-Bains ne sont pas encore terminées pour certains salariés. Après des mois de bataille juridique, le golf a pu de nouveau ouvrir depuis le mois d'avril avec de nouveaux gérants et surtout avec un nouveau projet d'aménagements. Mais neuf des dix anciens salariés sont toujours dans l'impasse et devraient de nouveau se retrouver devant les tribunaux.

Un seul ancien salarié a signé

Le passage de flambeau pour la gestion du golf de Digne-les-Bains entre la société UGolf, qui était en délégation de service public, et Adonis ne s'est pas fait sans soucis. Depuis le mois de janvier et jusqu'à mars, les nouveaux gérants n'ont pas pu exploiter le golf ni commencer les travaux pour leur grand projet d'hôtellerie.

Après plusieurs mois de procès, l'infrastructure a pu rouvrir en avril pour le plus grand plaisir des golfeurs, mais sans les anciens salariés ou presque puisqu'un seul sur les dix a accepté le nouveau contrat qui lui a été proposé.

Les nouveaux gérants ont établi de nouveaux contrats, mais sans y inscrire l'ancienneté. Une sorte de remise à zéro qui n'a pas convaincu les anciens salariés qui ont refusé les propositions et qui se retrouvent dans des situations compliquées. Ils sont toujours sans salaire, sans possibilités de trouver de nouveaux emplois ou de percevoir le chômage car ils ne savent toujours pas de qui ils dépendent.

Pour Bruno Scibelli, qui a plus de 20 ans d'ancienneté, il est plus qu'essentiel de conserver cette ancienneté: "Oui, on a travaillé pour ça, je ne vois pas pourquoi je devrais recommencer à zéro et même si on m'a proposé le même salaire, je veux garder les avantages qui étaient prévus. On avait eu une réunion avec Adonis, ils savaient ce qu'on avait, ils voulaient peut-être changer notre mutuelle. Ça, c'était pas grave, mais notre ancienneté on ne peut pas l'oublier", explique-t-il.

Pour Edwin Van Derlinden, salarié depuis deux ans au golf en tant qu'enseignant, la situation doit rapidement se régler. "Que ce soit Adonis, la mairie ou UGolf, des trois parties mentionnées, on ne sait pas qui a les contrats. Normalement notre avocat dit qu'il y a transfert et leur avocat a dit que non, donc on attend tout simplement une issue favorable le plus rapidement possible afin que tout le monde puisse retravailler ou avoir des indemnités pour enfin vivre".

"On ne vit plus, moralement, physiquement et financièrement c'est plus possible", poursuit Edwin Van Derlinden auprès de BFM DICI.

S'ils se battent pour conserver leur ancienneté, la situation n'est évidente pour aucun des deux. "Je dois rendre mon logement là parce que tout simplement on ne peut plus payer le loyer. On est retourné chez les parents avec ma femme et mon enfant de 2 ans", ajoute-t-il. Situation complexe aussi pour Bruno Scibelli: "On a demandé de l'argent à la famille et on a fait des prêts. On est tous dégoûtés parce, qu'on ait 1 an ou 22 ans d'ancienneté, on y croyait à ce projet."

Une nouvelle équipe recrutée

Adonis, qui prévoyait de réembaucher les anciens salariés, a dû, en urgence, trouver une nouvelle équipe. "On ne s'était pas vraiment posé de questions par rapport à la reprise de l'exploitation parce qu'on voulait donner la priorité au personnel en place", explique Laëtitia Cinquini, directrice générale du groupe Adonis et présidente de la société Golf de Digne-les-Bains by Adonis.

"Je pense qu'ils n'ont pas compris qu'ils s'étaient trompés de cible. Quand on a enfin pu signer, on est d'abord allé vers l'équipe terrain pour leur proposer des nouveaux contrats afin de remettre en état l'infrastructure. Contre toute attente, alors qu'ils nous ont toujours dit qu'ils voulaient travailler avec nous, ils ont refusé", développe Laëtitia Cinquini.

"On l'a vécu un peu comme une trahison. Ils se sont attachés à des conditions qui, pour nous, sont éloignées du sujet du développement touristique hôtelier golfique sur ce lieu", ajoute Laëtitia Cinquini auprès de BFM DICI.

"On ne peut pas faire plus"

"De notre côté on ne peut pas faire plus que ce qu'on leur a proposé c'est-à-dire la même chose sinon mieux que ce qu'ils avaient avant. Ça a été refusé donc aujourd'hui ils restent, je pense, salariés de la société UGolf, mais en fait on n'en sait rien. Aujourd'hui on en a assez fait, on est épuisés. Nous ce qui nous importe c'est de faire vivre le golf. Je pense que les salariés que nous avons aujourd'hui sont très heureux d'avoir rejoint nos équipes et nous, on est très heureux de donner de l'emploi et d'offrir un terrain de jeu tel que celui de Digne-les-Bains aux golfeurs", conclut-elle.

Concernant l'ancienneté, la gérante explique que, pour eux, il n'est pas possible de toute façon de l'inscrire dans les contrats. "Dans la convention collective de l'hôtellerie, il n'y a pas d'ancienneté donc de toute façon ce n'était pas vraiment un sujet pour nous. On leur a augmenté le salaire de base et ils recommençaient sans période d'essai. L'ancienneté n'est intéressante que dès lors qu'on veut négocier un départ et on a trouvé ça très étonnant."

Le conflit se réglera désormais devant les tribunaux puisque les anciens salariés ont lancé une procédure devant les prud'hommes et Adonis a également prévu de faire appel à un avocat.